25 mars 1821 indépendance de la Grèce

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La Grèce est l’un des rares pays au monde à posséder deux fêtes nationales. Le 28 octobre qui célèbre le refus des grecs d’autoriser Mussolini à utiliser leur pays comme base militaire. Un NON vigoureux qui a précipité l’entrée de la Grèce dans la guerre en 1941.
Et puis le 25 mars, début de l’insurrection grecque contre l’empire Ottoman.
Le 25 avril 1821, l’archevêque de Patras Germanos, figure mythique de la révolution grecque, proclama la guerre de libération nationale. En réalité, le soulèvement était déjà commencé depuis le 15 mars sur toute la côte ouest du Péloponnèse mais la date du 25 a été symboliquement retenue car elle coïncidait avec le jour de l’annonciation à la vierge (Evangelismos), fête très importante dans le calendrier orthodoxe.
Dans l’imaginaire et dans les livres d’histoire français, la guerre d’indépendance de la Grèce se résume à une vaste épopée romantique dans laquelle se seraient lancés avec bravoure artistes et intellectuels européens. Le guerrier grec y est valeureux, porteur des valeurs de liberté et de probhité. Un portrait, assez réaliste au demeurant, dressé par des écrivains comme Hugo ou Byron ou par des peintres comme Delacroix.
Mais cette sublimation ne doit pas dissimuler qu’il s’agissait avant tout d’une guerre. Une guerre sanglante qui aura duré 9 ans, jusqu’à ce qu’en 1830, lors de la conférence de Londres, les grandes puissances européennes reconnaissent le principe de l’indépendance de la Grèce. 
Déroulement de la guerre
Dans les premiers temps, les insurgés volent de victoire en victoire. Les Turcs n’ont pas vraiment anticipé le soulèvement et le sultan est par ailleurs très occupé à contenir les ambitions de son vassal Ali Pacha, administrateur de l’Épire, et qui se verrait bien vizir à la place du vizir comme dirait Iznogoud. Le 12 janvier 1822, à Épidaure, l’assemblée des députés grecs proclame l’indépendance de la Grèce, vote une constitution et choisit comme président Aléxandros Mavrokordátos. Le Péloponnèse, la Grèce centrale et la majeure partie des îles sont alors libérées. 
Mais la Sublime Porte se reprend et, secondée par son puissant allié égyptien Méhmet Ali, inflige plusieurs revers à la rébellion grecque. C’est l’époque du massacre de Chios peint par Delacroix. Très souvent oubliées par l’histoire, des divisions se font aussi jour dans le camp des Grecs;guerriers et politiciens ne faisant pas bon ménage. En 1825/26, l’issue est des plus incertaines et c’est alors qu’intervient le tournant décisif que représente l’entrée en jeu des puissances étrangères. 

Aide des puissances européennes
Avec la Russie tout d’abord. Qui finance, arme et entraîne les Grecs dans de grandes proportions. Catherine II, impératrice de toutes les Russies, se voyant bien remplacer l'Empire ottoman par un "Empire des Balkans", protégé par la Russie, voire gouverné par un Russe. 
Cette implication russe inquiète les Anglais qui dès lors s’engagent aussi aux cotés des Grecs. La France, ses intérêts dans la région n’étant pas primordiaux, suivra sans grand enthousiasme. En 1827, une flotte conjointe russe, française et britannique rencontre et détruit, sans l'avoir vraiment cherché la flotte turquo-égyptienne lors de la bataille de Navarin. Après cela, il faudra encore 3 ans pour que les Grecs obtiennent leur indépendance, mais plus de 100 ans pour se sortir de la tutelle encombrante de leurs chers voisins libérateurs.
Les frontières de la Grèce contemporaine n’existent que depuis à peine 60 ans avec l’entrée de Rhodes dans le territoire grec en 1948. L’Etat grec moderne est donc un état relativement jeune, n’ayant connu - de sa naissance en 1822 jusqu’à la chute de la dictature en 1974 - qu’une alternance de troubles plus ou moins intenses. Une réalité à prendre en compte dans la grille de lecture de la Grèce d’aujourd’hui.

Si le nombre d'hôtels à Athènes portant le nom de Byron témoigne bien de l'implication de cet écrivain dans la guerre d'indépendance (il y a laissé la vie), l'engagement de Victor Hugo reste méconnu. Nous avons choisi de présenter l'un de ses poèmes, très représentatif de ce que les intellectuels de l'époque pensaient du conflit grec.

L'enfant

Les Turcs ont passé là. Tout est ruine et deuil
Chio, l'île des vins, n'est plus qu'un sombre écueil,
Chio, qu'ombrageaient les charmilles,                                                         

Chio, qui dans les flots reflétait ses grands bois,
Ses coteaux, ses palais, et le soir quelquefois
Un chœur dansant de jeunes filles.

Tout est désert. Mais non;seul près des murs noircis,
Un enfant aux yeux bleus, un enfant grec, assis,
Courbait sa tête humiliée;
Il avait pour asile, il avait pour appui
Une blanche aubépine, une fleur, comme lui
Dans le grand ravage oubliée.

Ah ! pauvre enfant, pieds nus sur le roc anguleux!
Hélas! pour essuyer les pleurs de tes yeux bleus
Comme le ciel et comme l'onde,
Pour que dans leur azur de larmes orageux,
Passe le vif éclair de la joie et des jeux,
Pour relever ta tête blonde,

Que veux-tu? Bel enfant, que te faut-il donner
Pour rattacher gaiement et gaiement ramener
En boucles sur ta blanche épaule
Ces cheveux qui du fer n'ont pas subi l'affront,
Et qui pleurent épars autour de ton beau front,
Comme les feuilles sur le saule?

Qui pourrait dissiper tes chagrins nébuleux?
Est-ce d'avoir ce lys, bleu comme tes yeux bleus,
Qui d'Iran borde le puits sombre?
Ou le fruit du tuba, de cet arbre si grand,
Qu'un cheval au galop met, toujours en courant,
Cent ans à sortir de son ombre?

Veux-tu, pour me sourire, un bel oiseau des bois,
Qui chante avec un chant plus doux que le hautbois,
Plus éclatant que les cymbales?
Que veux-tu? fleur, beau fruit, ou l'oiseau merveilleux?
- Ami, dit l'enfant grec, dit l'enfant aux yeux bleus,
Je veux de la poudre et des balles.

Victor Hugo "les Orientales"

Source : Lepetitjournal Athènes | Publié le 19/02/2018

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