L'ascension

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Níkos Kazantzáki (1883-1957), L’ascension.                   Traduction et post face René Bouchet                                      Éditions Cambourakis

 

Un inédit mondial de Nikos Kazantzaki, traduit par René Bouchet qui paraît en avant-première en France cette année.

Avec la parution de L’ascension s’achève la publication de l’ensemble de l’œuvre romanesque de Kazantzaki par les Éditions Cambourakis (« Les Frères ennemis » excepté).

L'Ascension est un roman considéré comme préparatoire, écrit en 1946, annonciateur de romans plus aboutis. C'est un roman aux accents autobiographiques (Kazantzaki avait été envoyé en Crète par le gouvernement pour faire un état des lieux de la guerre : ce qu’il écrit, il l’a vu), émouvant, angoissant, un peu bancal parfois, dont certaines de ses pages se retrouvent développées dans deux romans postérieurs, La liberté et la mort (1947) et Le Christ recrucifié (1948).

L’histoire

Ce roman raconte Cosmas, un jeune écrivain en devenir. Le roman se compose de deux parties.

Dans la première partie, juste après la fin de la seconde guerre mondiale, Cosmas revient en Crète après le décès de son père avec Noémi, sa jeune femme juive, qui a perdu toute sa famille pendant la guerre. Il avait quitté l’île vingt ans auparavant. Le couple traverse des villages en ruine, décimés par la répression nazie. Dans la maison familiale, le souvenir paternel plane toujours, et Noémi a bien du mal à se trouver une place entre la mère et la sœur de Cosmas. Assaillie par des réminiscences cauchemardesques, elle tente de s’acclimater à cette île inconnue, farouchement antisémite et meurtrie par l’occupation.

Dans la deuxième partie, laissant sa femme seule avec les fantômes de leurs passés, se sentant un devoir en tant qu'intellectuel d'intervenir pour la paix dans le monde, Cosmas décide de partir en Angleterre. Il va s'y débattre, avec le besoin de se sentir utile, essayant de trouver sa place. L’indifférence à laquelle se confronte Cosmas le conduit à se consacrer à la traduction de Shakespeare… histoire banale d’un auteur grec tentant de se faire entendre, en vain, hors de chez lui. Tiraillé entre le devoir de retourner aux côtés de sa jeune épouse enceinte, certaines tentations féminines et la volonté profonde de se consacrer à son rêve.

« La Crète approchait, avec ses montagnes, ses olivaies, ses vignes. Au loin, Mégalo Castro étalait sa blancheur dans la lumière du matin. L’air sentait de plus en plus le thym. La lumière était maintenant descendue des cimes au pied de la montagne, elle baignait ses racines, se répandait tranquillement et inondait la plaine. La silhouette des arbres commença à se dessiner, les coqs se mirent à chanter, le monde s’éveillait. »

La première partie dépeint la Crète d’après-guerre, ses paysages d’une beauté rare se superposant avec le souvenir angoissant de la guerre, le traumatisme, les évocations de la Shoah. Le lyrisme de Kazantzaki dépeint des personnages bouleversants de réalisme, plongés dans un désastre apparemment sans fin et tétanisés par un effondrement à venir. La désolation y est palpable. La seconde partie développe le personnage de Cosmas qui se débat entre devoirs familiaux et rêve de paix; spiritualité, humanisme, et espoirs déçus forment les rouages de ce roman.

L’auteur 

Níkos Kazantzáki (en grec moderne : Νίκος Καζαντζάκης)

Kazantzaki naît le 18 février 1883 à Héraklion, en Crète, et meurt le 26 octobre 1957 à Fribourg-en-Brisgau (Allemagne).

Il est l'un des écrivains européens les plus importants du XXe siècle, et demeure l’auteur grec le plus traduit et publié en France.

Auteur d’« Alexis Zorba », adapté au cinéma sous le titre « Zorba le Grec » et de « La dernière tentation du Christ ».

Écrivain solitaire, poète, érudit et homme d'action engagé dans son temps, influencé par Nietzsche et Bergson, dont il suivit l'enseignement à Paris, il fut également tenté par le marxisme et s'intéressa au bouddhisme.

Il signe une œuvre prolifique : poésie, roman, essai, livres pour la jeunesse, théâtre, récits de voyage, traductions, scénarios... Ses œuvres sont fondées sur le sens de la liberté, la protection de la nature, les valeurs humanistes et spirituelles et un vif intérêt aux autres peuples et cultures.

Ses fresques ont cristallisé ce que les Occidentaux attendaient de la Grèce : couleur locale, sens de l’épopée, réalisme, rebondissements, personnages plus grands que nature et interrogations métaphysiques : leur triomphe à l’étranger ne doit rien au hasard.

L’écrivain a voyagé tant et plus en Occident, s’installant même à Antibes et allant jusqu’à écrire deux livres directement en français (Le jardin des rochers et Toda Raba). Face à tant d’efforts pour s’abstraire de la vie littéraire athénienne, les réticences grecques à son endroit s’expliquent aisément.

Les dix dernières années de sa vie, Kazantzaki se mit à écrire sept gros romans, « pour se délasser » selon son ami l’auteur Pandelís Prévélákis. Ce sont eux qui sont passés à la postérité et ont définitivement assuré le succès international de l’écrivain.

(source partielle Wikipédia)

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